Louvois

Louvois (François Michel Le Tellier marquis de), 1639-1691, homme politique français. Il était le fils de Michel Le Tellier, secrétaire d’État à la Guerre depuis 1643, qui le fit entrer dans ses bureaux en 1661, et qui, nommé chancelier en 1667, lui laissa la charge du secrétariat à la Guerre. Louvois la conserva jusqu’à sa mort en 1691. L’oeuvre du père et celle du fils sont inséparables.

Dur et despotique, Louvois fut un excellent administrateur qui fit de l’armée française un puissant outil de guerre, et le plus perfectionné à son époque. Colonels et capitaines continuèrent d’acheter leur « brevet >>, mais dans le haut commandement, l’avancement avait lieu à l’ancienneté, d’après « l’ordre du tableau ». Des « compagnies de cadets » pourvoyaient à l’instruction des oñiciers, dont on exigeait le strict accomplissement de leurs devoirs. Le recrutement de l’armée se faisait toujours par enrôlement volontaire et par « racolage », mais des inspections fréquentes mirent fin au système des « passe-volants », c’est-à-dire des ñgurants engagés pour une « montre » ou revue. Le nombre des régiments d’infanterie passa de 32 au début du règne à 60 en 1672, à 98 en 1688 et à 250 en 1701, auxquels il faut ajouter 104 régiments de cavalerie, soit une armée permanente de 300 000 hommes environ. Pour suppléer à l’insuffisance du recrutement volontaire, Louvois organisa, en 1688, la milice, chaque paroisse devant fournir un certain nombre de miliciens, tirés au sort parmi les célibataires, à partir de 1691. D’abord affectés à la défense des places fortes, ils furent ultérieurement appelés à renforcer les armées de campagne.
Louvois réorganisa également les corps spéciaux : création de compagnies de canonniers, de bombardiers, de sapeurs, de troupes d’artillerie, écoles à feu, arsenaux, fonderies de canons. De nombreuses réformes furent introduites dans l’armée : l’uniforme dans les régiments, la marche au pas, l’uniformité dans la hiérarchie et les exercices; l’adoption du fusil à pierre et de la baïonnette ; la réglementation du logement des troupes chez l’habitant ou dans des casernes; la création du service des étapes, d’un service d’intendance et de magasins de vivres pour le ravitaillement de l’armée ; la réorganisation des tribunaux militaires; la construction d’hôpitaux et de l’hôtel des Invalides (1670); la constitution du « Dépôt de la Guerre » pour les archives militaires, etc.

Au point de vue politique ,Louvois fut un mauvais conseiller pour Louis XIV; il organisa les dragonnades et ordonna la dévastation du palatinat.